Mon adolescence programmée…

… ou l’obsolescence programmée de mon enfance

La vie, c’est une succession d’étapes plus ou moins heureuses que nous sommes obligés de franchir un jour ou l’autre, de notre conception à notre mort.

(désolée mais dès que j’entends ou que je pense « la vie », j’ai ensuite ce générique dans la tête…)

Aujourd’hui je vais vous parler de l’étape qui fut jusqu’à maintenant la plus pénible pour moi : l’adolescence.

Ce passage obligatoire de l’enfance à l’âge adulte fut d’autant plus compliqué pour moi qu’il a constitué un choc tant il a différé de mes jeunes années particulièrement heureuses et insouciantes (et que j’ai déjà évoquées dans ce post ou dans celui-là).

Car l’adolescence, c’est ce moment où l’on entre dans cet endroit nouveau qu’est le collège, et ce sur un fond de puberté… Bref, un cocktail explosif !

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L’antre de la bête : le collège…

Ah le collège, quelle galère ce fut pour moi ! C’est simple : chaque nouvelle année dans cet établissement m’apportait son lot de fardeaux…

wallDéjà en 6e, je me suis « mangé un mur » : moi, la bonne élève qui venait d’une petite école primaire de patelin, dans laquelle on était fiers d’avoir de bonnes notes, on se vantait d’être « prem’s » ou « deuz' » à un contrôle, on s’entendait tous bien…, je me suis vite rendu compte qu’adopter la même attitude au collège était une grave erreur : en effet, pour les collégiens, bonnes notes rimaient avec fayotte, de même que participer en cours, être complimentée par la prof devant les autres, ou encore savoir quelque chose qui n’avait pas encore été vu en classe…

Du coup, dès le départ, des dents ont grincé, des réflexions ont commencé à fuser. Un jour, alors que la prof d’anglais avait l’air d’être d’humeur exécrable et qu’un murmure d’appréhension parcourait le rang, j’ai osé dire « on est morts » et je me suis pris comme réponse : « Comment ça, ON est morts ??? » , l’air de dire « toi tu risques rien »… En gros, je payais le fait d’être bonne en anglais et d’aimer cette matière, et que la prof m’ait complimentée un jour devant les autres (alors que je n’étais pas la seule mais bref…).

Cette même prof qui m’avait traitée d’individualiste quelques mois plus tard en plein cours, devant tout le monde, juste parce que je refusais de prêter mon crayon à un élève qui passait son temps à me casser les pieds… Bien entendu certains de mes camarades, ce jour-là, ont vite fait d’oublier les moqueries que me balançait fréquemment ce con pour se concentrer sur le fait que je n’étais qu’une grosse égoïste qui ne prêtait jamais ses affaires… Ben voyons !

En 5e ce fut encore pire : déjà, le mur que je m’étais mangé l’année précédente m’avait rendue hyper timide (du genre à ne pas regarder les gens dans les yeux et à rougir pour un rien), moi qui avant était bavarde, souriante, enthousiaste.

macgyverEn plus, ma mère m’avait traînée chez le coiffeur, en début d’année scolaire, pour me faire enfin couper « ces grands tifs » que je laissais partout sur la moquette. J’ai déjà évoqué ici la coupe catastrophique que j’ai eue alors, façon footeux des années 80.

Enfin, j’avais toujours des bonnes notes (ben oui, je tenais à décrocher mon brevet en fin de 3e).

Rassemblez ces 3 critères : timidité maladive, mocheté et bonnes notes, forcément vous n’obtiendrez pas une super popularité auprès de vos camarades…

Donc cette année-là, on s’est moqué de ma coupe de cheveux « de sorcière », de mes pellicules, de mes boutons, de ma tronche quand j’étais enrhumée… Le moindre prétexte était sujet à moqueries ! En EPS, j’étais comme par hasard désignée goal de handball, on se moquait de moi quand je me prenais le ballon dans la tronche. On se moquait aussi de moi dans les vestiaires au moment de se changer parce que mes jambes n’étaient pas bien rasées. Etc.

On m’a également reproché d’avoir empêché la classe d’aller en Angleterre cette année-là, eh oui que voulez-vous, même si je n’étais pas la seule à ne pas pouvoir y aller, sous prétexte que mon père à moi n’était pas au chômage, c’était moi qu’on montrait du doigt, car ce n’était pas normal que mes parents n’aient pas les moyens de me payer le voyage… C’est vrai que le seul salaire de technicien de mon père pour subvenir aux besoins d’une famille de 5 personnes, sans oublier le crédit immobilier à payer, ça laisse une marge pour payer des voyages à tout va… Mais bien sûr !marmotte2

En 4e, il n’y eut pas de miracle : on continuait de se moquer de mes « queues de rat », de ma coiffure, de mes fringues, de moi quoi… En plus il y avait 2 fachos dans ma classe, du genre à dessiner des croix gammées sur leurs cartes de cantine… Ambiance ambiance…

En 3e, rebelote, étant donné que les élèves étaient pratiquement les mêmes…

Un jour j’ai quand même tenté le changement : j’ai coiffé ma tignasse différemment, mieux que d’habitude en tout cas. Résultat : devant tout le monde, la prof de maths m’a sorti que j’allais loucher avec une mèche de cheveux dans les yeux comme ça, et que je devais mettre des barrettes… Inutile de vous préciser que beaucoup d’élèves ont pouffé de rire à ce moment-là, et que je n’ai plus jamais tenté de nouveautés capillaires !

Je peux vous dire que quand j’ai eu les résultats de mon brevet à la fin de l’année scolaire, j’ai soupiré de soulagement, même si j’avais quand même un peu peur que ce soit pareil au lycée…

Heureusement ce fut complètement différent : l’ambiance n’était pas du tout la même, tout le monde parlait bien avec tout le monde, les gens se battaient les reins des fringues des autres, j’avais enfin une coiffure normale, bref je retrouvais petit à petit confiance en moi ! Même les profs étaient mieux, ils avaient moins cette mentalité de merde, du genre à humilier un élève devant ses camarades juste pour apaiser leur frustration d’être de simples profs de collège ratés…

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Quand cette garce de puberté s’en mêle…

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Source : vosquestionsdeparents.fr

La puberté, quelle saloperie ce truc ! Malheureusement on n’y réchappe pas…

Moi, c’est simple : j’ai commencé à avoir un peu d’acné en 6e ; mes 1res règles ont débarqué la veille de la rentrée de 5e ; par la suite, elle furent pendant plusieurs années dignes des chutes du Niagara, m’obligeant à aller très souvent aux toilettes pour vérifier qu’il n’y avait aucune fuite et éviter de donner à mes chers camarades un nouveau prétexte pour se foutre de moi ; la même année, ma peau est devenue grasse, mes cheveux aussi, les pellicules se sont tapé l’incruste sur mon crâne…

La visite médicale de 5e fut une pure séance d’humiliation : une vieille infirmière acariâtre qui demande à une ado de 12 ans si elle a ses règles, la fait monter sur la balance (une ado de 12 ans se trouve toujours trop grosse), lui dit d’un air de reproche qu’elle devrait consulter un dermato pour son acné, lui ordonne sèchement de se tenir droite alors qu’elle se ratatine sur elle-même, n’ayant qu’une envie : se planquer au fond d’un trou pour que cette vieille bique cesse de la regarder et de lui poser des questions gênantes…

Non franchement, la puberté c’est horrible, et ne croyez pas qu’il y avait une quelconque solidarité entre filles à ce sujet-là : à part compatir entre copines quand on avait les crampes au ventre (oui j’avais quand même quelques rares copines au collège), il ne fallait pas compter sur les autres. « La prof d’EPS elle a ses règles, elle a mis une grosse serviette hygiénique hihihi… » Ah ouais c’est vachement drôle ! « Qu’est-ce t’as à faire la gueule ? T’as tes règles ou quoi ? » Euh…

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Bref, vous l’aurez compris si vous avez eu le courage de lire ce roman interminable : l’adolescence fut un calvaire pour moi jusqu’en fin de 3e. Les choses se sont heureusement arrangées à partir du lycée, tant au niveau de l’ambiance avec mes camarades et les profs qu’au niveau de ma puberté que je commençai à dompter peu à peu…

Dans un moment de la vie aussi difficile à surmonter, je ne comprendrai jamais pourquoi les gamins se comportent aussi bêtement, pourquoi il n’y a pas plus de solidarité entre eux… Après tout, à ce moment-là, à ces âges-là, on est tous dans le même bateau !

Pour terminer en se marrant, voici un excellent sketch des Robin des bois, troupe de comiques que j’adore, au sujet de la puberté :

6 commentaires sur “Mon adolescence programmée…

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    1. Quand je repense à mon adolescence, je me trouve nulle d’avoir été aussi timide, de m’être autant laissé faire alors que ça ne me ressemblait pas du tout… je suis passée à côté de mon adolescence, pendant laquelle je restais enfermée chez moi au lieu de passer du temps avec des potes…
      Dommage mais bon, on ne peut pas refaire le passé…

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